Radioactivité :  le Parisien du 18 novembre

" J'ai vu des choses étranges au fort de Vaujours " MAURICE LE CALVEZ,
conseiller municipal Vert de Tremblay-en-France

LE FORT DE VAUJOURS est-il radioactif ? Cet après-midi, pour la première
fois, une coordination des associations de défense de l'environnement
rassemblant treize villes de Seine-Saint-Denis et de Seine-et-Marne appelle
à une manifestation à 15 heures, devant l'entrée du fort. Une actualité qui
réveille les souvenirs de Maurice Le Calvez élu à Tremblay-en-France,
témoin d'une scène surréaliste, en pleine nuit, devant le CEA (Commissariat
à l'énergie atomique) aujourd'hui désaffecté. Vous avez assisté à une scène
étrange, en pleine nuit, en 1990, à l'entrée du fort. Maurice Le Calvez. A
cette époque, nous surveillions les carriers qui exploitaient le gypse du
secteur, car nous craignions qu'ils ne détruisent le bois de Bernouille.
Nous avions donc organisé des rondes de nuit. Il était 2 ou 3 heures du
matin. Avec un copain, j'effectuais le tour du secteur à bicyclette, et
j'ai vu des choses étranges, de l'extérieur du fort : deux types vêtus de
combinaisons de protection qui chargeaient un curieux conteneur dans une
camionnette. On les voyait bien dans le noir, avec leurs tenues blanches.
C'était surréaliste&hellip Nous avons interpellé la municipalité de
Tremblay pour obtenir des informations. Le préfet de la Seine-Saint-Denis
et le député-maire de l'époque avaient assuré qu'ils ne manqueraient pas de
nous tenir informés. J'attends toujours la réponse. Nous avons aussi
contacté la Crii-Rad (Commission de recherche et d'information indépendante
sur la radioactivité) et sollicité les autorités. Mais le site est classé
secret défense. Nous nous sommes heurtés à un mur du silence. Qu'est-ce qui
vous fait penser que le sous-sol du site peut être pollué ? Le document
d'instauration de servitudes d'utilité publique, suite à l'abandon du site
par le CEA (source : 2e bureau des installations classées en préfecture),
stipule " qu'une quantité d'uranium estimée par le CEA à une vingtaine de
kilos, a gagné la masse de gypse sous-jacente, via les réseaux d'eau
pluviale et les puits d'infiltration. Le fort de Vaujours serait inconnu de
l'Agence nationale de gestion des déchets radioactifs (Andra). Dans un
courrier daté du 20 juillet dernier, l'Andra que nous avions interpellée,
nous fait savoir qu'elle n'a, à ce jour, aucune information particulière
concernant ce site. Et le président de son conseil d'administration, Yves
Le Bars, nous a précisé : " Nous avions prévu, avec la direction des
applications militaires, de le citer dans l'inventaire 2000, une sorte de
liste grise. " Nous savions que Vaujours était à la limite mais nous
n'avons pas de capacité d'investigation sur site.

Propos recueillis par Gilles Cordillot

Le CEA accepte une contre-expertise indépendante

ON N'Y CROYAIT PLUS ! Pressé de tous côtés (Noël Mamère, député Vert de
Gironde, avait notamment réclamé une commission d'enquête), le CEA vient
d'annoncer qu'il a proposé au préfet que de nouvelles analyses puissent
être effectuées par des experts indépendants. Une décision qui devrait
satisfaire beaucoup de monde. Reste qu'au CEA, on ne prend pas le
témoignage du conseiller Vert au sérieux. « Cela ressemble étrangement à un
canular, explique-t-on. Nous ne donnons aucune crédibilité à cette affaire,
car ce n'est pas dans nos méthodes de travail. » Concernant les 20 kilos
d'uranium dans la nature, le CEA estime que le rapport de la préfecture a «
oublié » le conditionnel. « Il s'agit d'une hypothèse et non de faits,
précise un responsable. Il nous avait été demandé de compléter notre
enquête par une étude d'impact. On a pris des hypothèses de pollution entre
les années soixante et quatre-vingt-dix. On a donc estimé que 20 kilos
d'uranium, hypothèse haute, avaient pu être entraînés par les eaux de pluie
et de ruissellement, dans les puits perdus et dans la nappe phréatique.
Mais il aurait encore fallu que cet uranium puisse aller dans les puits.
Car nous avions un bon système de récupération dans les boues, avant rejet.
» Quant à la liste grise de l'Andra, le CEA ne se dit pas surpris que le
fort de Vaujours n'y figure pas. « L'Opri (Office de protection contre les
rayonnements ionisants) a dit qu'il n'y avait pas de déchets nucléaires sur
le site. Il n'a donc pas à figurer sur la liste. Mais un autre décret
oblige les Drire (Direction régionale de l'industrie et de la recherche) à
faire état des sites pollués. A cause des explosifs, métaux, et jusqu'à
preuve du contraire des quantités d'uranium qui pourraient être dans le
sol, bien que l'assainissement ait été mené à terme, Vaujours sera sur la
liste des sites pollués. Le préfet l'a annoncé. » G.C.

Radioactivité : Le Parisien 16/11/2000.

Manifestation devant le fort de Vaujours

Le COMMISSARIAT à l'énergie atomique (CEA) du fort de Vaujours
est-il radioactif ? Samedi, les associations de défense de l'environnement
de toutes les villes voisines, réunies en une coordination (*),
manifesteront à 15 heures, devant l'établissement aujourd'hui désaffecté.
Toutes ont une même exigence : qu'une expertise indépendante soit menée sur
cet ancien site militaire où a été en partie mise au point la bombe
atomique.
« Stop ! L'Etat et le ministère de la Défense nous doivent des
comptes », martèle Alain Amédro, secrétaire des Verts 93. Les Verts qui ont
recueilli près de 200 signatures et envoyé la pétition au ministère.

Expertise et étude épidémiologique


Tout a commencé en juin dernier, lorsqu'un ancien ingénieur du CEA a révélé
dans nos colonnes avoir effectué des tirs d'uranium à l'air libre, entre
1955 et 1960. Petit à petit, la population découvre la vérité sur cet
établissement que le ministère de la Défense s'attachait à faire passer
pour un centre d'essai en vol. Le député Vert de Gironde, Noël Mamère,
réclame alors la mise en place d'une commission d'enquête afin de mener des
investigations sur le site. Enfin, dernièrement, un rapport effectué par
l'Opri (Office pour la protection contre les rayonnements ionisants) fait
état d'une radioactivité sur le site, beaucoup plus importante que la
normale. Ce qui fait dire à Michelle Rivasi du laboratoire indépendant de
la CRII-RAD : « Si cela est exact, cela veut dire que le site n'a pas été
décontaminé. » Ce que confirme l'ancien ingénieur qui est retourné
récemment au fort de Vaujours. Mais le CEA affirme que « la radioactivité
de ces terrains est à la hauteur de la radioactivité naturelle de la
région. »
Les Verts demandent aujourd'hui au ministre, « de donner
l'autorisation de réaliser cette expertise exigée par des centaines de
riverains. » Ils réclament encore la levée du secret militaire sur cette
installation et la réalisation d'une étude épidémiologique de la
population.


(*)
La coordination des associations de défense de
l'environnement comprend des associations d'Aulnay-sous-Bois, Coubron,
Sevran, Tremblay-en-France, Vaujours, Villepinte pour la Seine-Saint-Denis
et Claye-Souilly, Chelles, Courtry, Le Pin, Mitry-Mory, Torcy et
Villeparisis pour la Seine-et-Marne.